Mauvaise nouvelle … « On achève bien les éleveurs *»

Denis SURGEY a pris la décision d’interrompre définitivement son activité d’éleveur.
Installé à Saint-Saturnin-lès-Apt, depuis 2002 en élevage avicole bio de volaille de chair.

Nous aurions préféré un autre titre pour ce message qui s’adresse à l’ensemble des partenaires amapiens et paysans.
En février 2017, nous avions constitué un collectif pour soutenir l’élevage paysan des assauts administratifs et réglementaires des services de l’État sur les pratiques de l’élevage plein air.

Cette réglementation qui visait à imposer les normes industrielles aux petits élevages paysans. Sans tenir compte des modalités de production et de vente de ces derniers. Denis SURGEY a été le premier à tirer la sonnette d’alarme auprès des éleveurs, des amapiens et consommateurs réguliers en circuit-court.

Curieusement, ce collectif a été nommé SAUVE QUI POULE, il portait en lui, l’espoir de redonner une identité spécifique à ce modèle d’élevage, en lui attribuant une reconnaissance et la volonté que celle-ci puisse se hisser comme un modèle à part entière auprès des pouvoirs publics et des consommateurs.
Curieusement aussi, ce collectif est né dans un département à très faible concentration de volailles mais à très fort absolutisme administratif. Les disparités qui en découlent nous obligent à nous questionner sur les interprétations abusives ou mal comprises de l’administration sur ses propres textes et de l’application et/ou l’adaptation aléatoire qui varie d’un département à l’autre.

Après un autocontrôle positif à la salmonelle (sur la litière des volailles) au mois d’avril 2025, Denis SURGEY pour la seconde fois en six ans , s’est vu contraint d’abattre l’ensemble de son cheptel. Un second contrôle à sa demande quelques semaines après, revenait négatif.
Mais les procédures modifiées ces dernières années par les nouvelles réglementations ne permettent plus de stopper l’action de dépeuplement des volailles. Le combat mené sans résultat pour le maintien de ce second contrôle qui pour l’immense majorité des cas invalidait le contrôle initial, soit pour être un faux positif, par contamination croisée des échantillons ou une positivité sporadique sans lendemain.

Un talon d’Achille permanent pour les élevages plein air soumis aux conditions naturelles de production avec le vivant.
La préfecture ne retient aucun autre contrôle et engage auprès des éleveurs des procédures d’isolement de l’exploitation, d’abattage et de désinfection. Dans le cas qui concerne Denis SURGEY, les volailles étaient saines et indemnes de salmonelle.
Les volailles ont été abattues et vendues. Il ne restera rien de son activité à part le silence étourdissant autour de ses bâtiments vides.

Découragement, écoeurement, exaspération, renoncement, les mots ne manquent pas pour traduire l’état d’esprit d’un homme qui a choisi de devenir paysan-éleveur, les deux vont si bien ensemble. Un métier-passion comme on dit, où l’on se frotte aux exigences de la nature tout en respectant ses valeurs et ses exigences, nourrir une population voisine et familière en AMAP, dont nous sommes les témoins et les bénéficiaires. Avec le départ de Denis nous n’avons pas seulement perdu un éleveur mais aussi quelqu’un de proche, un ami, un militant aussi de l’agrobiologie avec qui nous avons tenté de repousser les choix que l’État et les industriels portent pour éliminer l’élevage paysan.

Sa décision n’a pas été prise à la légère, après vingt-trois ans d’expérience et des combats pour maintenir cette profession debout et pérenne. Décision lourde de conséquences économiques et morales. Outre la perte de tous ses revenus et de ses repères professionnels, il va devoir repartir sur les chemins de l’emploi.

Nous aussi nous avons perdu, amapiens et consommateurs en circuit-court, nous avons perdu une part de notre liberté de choisir un autre modèle d’élevage et de consommation. Nous aussi nous sommes impactés par les orientations mortifères des politiques agricoles conduites par les États et les industriels.

Pour l’heure, nous avons fait le choix d’aider Denis, pour réduire cette double peine et renforcer notre cohésion à travers le Réseau des AMAP et au-delà de nos cercles d’initiés de la bio et du bien manger. Nous lançons cette cagnotte en ligne que je vous invite à diffuser largement avec le message que vous venez de lire.

Adresse du lien :
Cagnotte : Aidons Denis contraint d’arrêter son élevage de volailles bio

https://www.leetchi.com/fr/c/aidons-denis-contraint-darreter-son-elevage-de-volailles-bio-1043333?
utm_source=copylink&utm_medium=social_sharing&utm_campaign=pot

A.L pour le Collectif SAUVE QUI POULE. 20.10.2025
« On achève bien les éleveurs », ouvrage collectif coordonné par Aude VIDAL, illustré par Guillaume TROUILLARD – Édition l’Échappée, 2017

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